La taverne d\' Engy

Il a vingt ans il doit être soldat
Et sur le quai sa petite fiancée
Tremble de peur en songeant qu'il s'en va
Vers la grand-ville objet de ses pensées
Le train démarre en un dernier baiser
La maman dit : "Petit que Dieu te garde !"
Et le papa de tous ses yeux regarde
Celui qui part bien loin de son clocher
En lui disant : "Pars mon p'tit gars
Mais quand tu ne s'ras plus soldat

Quitte le grand Paris
Reviens vite à la terre
Qui t'a vu tout petit
Dans les bras de ta mère
En faux-col en veston
Là-bas c'est la misère
Fuis la ville lumière
Reviens vers ta maison"

Il n'a fallu que quelques mots d'amour
Pour qu'une fille cueillie dans la débauche
Prenne le coeur du p'tit gars pour toujours
Peut-on savoir comme un roman s'ébauche ?
Il est civil et pour elle tous les jours
Il trime il trime lui donnant ses journées
Pendant que là-bas parents et fiancée
Dans la douleur espèrent son retour
Et c'est en vain que le papa
Ecrit chaque jour : "Oh mon p'tit gars !

Quitte le grand Paris
Reviens vite à la terre
Qui t'a vu tout petit
Dans les bras de ta mère
En faux-col en veston
Là-bas c'est la misère
Fuis la ville lumière
Reviens vers ta maison"

Elle est partie prenant un autre amant
Il est couché sur son lit de souffrance
C'est le grand air qu'il lui faut maintenant
Le vieux docteur a jeté sa sentence
Il dit au père retenant ses sanglots :
"La nuit d'Paris mais c'est bientôt l'usure
Ramenez-le vers la grande nature
Et sa jeunesse refleurira bientôt"
Oh jeunes gens loin du pays
Ecoutez la voix qui vous dit :

"Quitte le grand Paris
Reviens vite à la terre
Qui t'a vu tout petit
Dans les bras de ta mère
En faux-col en veston
Là-bas c'est la misère
Fuis la ville lumière
Reviens vers ta maison"

Valsez jeunesse...