La taverne d\' Engy

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Kayatte le vilain boucher !

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Complainte de saint Nicolas
recueilli par Gérard de Nerval (1842)

Il était trois petits enfants
Qui s'en allaient glaner aux champs.

S'en vont au soir chez un boucher.
« Boucher, voudrais-tu nous loger ?
Entrez, entrez, petits enfants,
Il y a de la place assurément.»

Ils n'étaient pas sitôt entrés,
Que le boucher les a tués,
Les a coupés en petits morceaux,
Mis au saloir comme pourceaux.

Saint Nicolas au bout d'sept ans,
Saint Nicolas vint dans ce champ.
Il s'en alla chez le boucher :
« Boucher, voudrais-tu me loger ? »

« Entrez, entrez, saint Nicolas,
Il y a d'la place, il n'en manque pas. »
Il n'était pas sitôt entré,
Qu'il a demandé à souper.

« Voulez-vous un morceau d'jambon ?
Je n'en veux pas, il n'est pas bon.
Voulez vous un morceau de veau ?
Je n'en veux pas, il n'est pas beau !

Du p'tit salé je veux avoir,
Qu'il y a sept ans qu'est dans l'saloir.
Quand le boucher entendit cela,
Hors de sa porte il s'enfuya.

« Boucher, boucher, ne t'enfuis pas,
Repens-toi, Dieu te pardonn'ra. »
Saint Nicolas posa trois doigts.
Dessus le bord de ce saloir :

Le premier dit: « J'ai bien dormi ! »
Le second dit: « Et moi aussi ! »
Et le troisième répondit :
« Je croyais être en paradis ! »
Saint Nicolas et les enfants au saloir

texte critique de George Doncieux (1904)

Il était trois petits enfants,
Qui s'en allaient glaner aux champs.
Ils sont tant allés et venus
Que le soleil on n'a plus vu.

S'en sont allés chez un boucher :
« Boucher, voudrais-tu nous loger ? »
— « Allez, allez, mes beaux enfants,
Nous avons trop d'empêchement. »

Sa femme, qu'était derrièr' lui,
Bien vitement le conseillit :
« Ils ont, dit-elle, de l'argent,
Nous en serons riches marchands. »

Entrez, entrez, mes beaux enfants !
Y a de la place assurément.
Nous vous ferons fort bien souper,
Aussi bien blanchement coucher. »

Ils n'étaient pas sitôt entrés,
Que le boucher les a tués,
Les a coupés tout par morceaux,
Mis au saloir comme pourceaux.

Quand ce fut au bout de sept ans,
Saint Nicolas vint dans ce champ.
Il s'en alla chez le boucher :
« Boucher, voudrais-tu me loger ? »

— « Entrez, entrez, Saint Nicolas !
De la place, il n'en manque pas. »
Il n'était pas sitôt entré,
Qu'il a demandé à souper.

« Voul'ous un morceau de jambon ? »
— « Je n'en veux pas, il n'est pas bon. »
— « Voulez-vous un morceau de veau ? »
— « Je n'en veux pas, il n'est pas beau. »

« De ce salé je veux avoir,
Qu'y a sept ans qu'est dans le saloir. »
Quand le boucher entendit ça,
Hors de sa porte il s'enfuya.

« Boucher, boucher, ne t'enfuis pas !
Repens-toi, Dieu te pardon'ra. »
Saint Nicolas posa trois doigts
Dessus le bord de ce saloir.

Le premier dit : « J'ai bien dormi ! »
Le second dit : « Et moi aussi ! »
A ajouté le plus petit :
« Je croyais être en paradis ! »
Chanson de saint Nicolas

recueilli par Charles Sadoul (1904)

Saint Nicolas a trois clériaux
Sont tous les trois du même arreau.
Un jour ont demandé congé
Pour aller sur la mer jouer
Saint Nicolas leur y a donné.

Ces trois clériaux ont cheminé
Tant que le soleil fut couché.
Ils sont entrés chez un boucher :
Boucher, donne-nous à souper,
Boucher, voudrais-tu nous loger.

Ah ! ce, répondit le boucher
Nous n'avons rien à vous donner.
Mais c'est sa femm' qui est derrièr' lui
« Sont bien chaussés, sont bien vêtus,
Or logeons-les pour cette nuit ».

Quand c'est venu vers les minuit
Que les enfants fur'nt endormis
Le boucher prit son grand couteau
Les a découpés par morceaux
Les a salés dans un cuveau.

Saint Nicolas a cheminé
Tant que le soleil a donné,
Il est entré chez le boucher :
« Boucher donne-moi z'à souper
Boucher donne-moi z'à coucher. »

Ah ce, répondit le boucher,
Nous n'avons rien à vous donner.
Donne-moi de mes trois clériaux
Que t'as découpés par morceaux,
Que t'as salés dans un cuveau.

Quand le boucher entend cela
Par le derrière il s'enfuya,
N't'enfuis pas, boucher, n't'enfuis pas
Demand'pardon à Dieu, l'auras,
Mais pour ta femm' ne l'aura pas.

Saint Nicolas pris son cordeau
Trois coup il frappa-z'au-cuveau
Éveillez-vous, enfants, éveillez-vous
N'avez-vous pas assez dormi.
N'avez-vous pas assez dormi ?

Ce dit Claudon j'ai bien dormi,
Ce dit Philippe et moi z'aussi,
Ce dit Jacquot, le plus petit
Je croyais être en Paradis,
Entre les bras de Jésus-Christ.

C'est la chanson d'saint Nicolas
Ce ou cell' qui la chantera
Quinze pardons il gagnera
Ceux ou cell' qui l'écouteront
Tout autant ils en gagneront.

recueilli à Seichamps (près de Nancy) (1904)
Le pays lorrain

Notes :
clériaux : jeunes clercs
arreau : pièce de terre, d'où contrée

 

 

 

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La Saint-Nicolas en Europe ! La Saint-Nicolas, célébrée le 6 décembre, marque le début des festivités de fin d’année dans de nombreux pays européens. Bien que les célébrations varient d’une région à l’autre, elles trouvent toutes leurs racines dans une tradition commune.

Dans plusieurs pays d’Europe, la veille du 6 décembre, les enfants déposent leurs chaussures près de la cheminée ou de la porte, en espérant y trouver des friandises ou des cadeaux au petit matin. En France, cette tradition est particulièrement ancrée dans le nord-est, notamment en Alsace et en Lorraine. La Saint-Nicolas est aussi une fête très populaire en Belgique, aux Pays-Bas, ou encore en Europe centrale et orientale. Issue d’un mythe ancien, l’image de Saint-Nicolas a évolué au fil des siècles, inspirant notamment la figure du Père Noël. Quelle est l’origine de cette célébration ? Dans quels pays fête-t-on la Saint-Nicolas aujourd’hui ?

Origines et mythe de Saint-Nicolas
Célébré par les chrétiens catholiques et orthodoxes, le culte attesté de Saint-Nicolas remonte au début du Moyen-âge. Il s’inspire de l’évêque Nicolas de Myre, né au III? siècle en Lycie, dans l’actuelle Turquie. Réputé pour sa générosité, une légende raconte qu’il aurait sauvé trois jeunes filles de la pauvreté en leur offrant une dot. Au fil des siècles, des récits ont renforcé son image de protecteur des enfants et des démunis.

Le Saint-Nicolas que l’on connait aujourd’hui vient d’une légende forgée vers le XIe siècle. Elle serait issue d’une erreur de traduction dans laquelle trois innocents incarcérés deviennent trois enfants dans un cuveau, assassinés par le boucher Pierre Lenoir (ou Peter Schwartz dans la culture germanique). Selon la légende, Saint-Nicolas aurait retrouvé et ressuscité ces enfants.

Aux Pays-Bas, le personnage de Saint-Nicolas appelé Sinterklaas a été exporté aux Etats-Unis par les immigrants néerlandais et a donné naissance à la figure Santa Claus. De même la légende de Pierre Lenoir a évolué pour devenir Zwarte Piet en néerlandais, Knecht Ruprecht en Allemagne ou encore le Père Fouettard, qui menace les enfants qui n’auraient pas été sages. Dans les pays d’Europe centrale, c’est le terrifiant Krampus, une créature démoniaque, qui accompagne Saint-Nicolas.


Saint-Nicolas aux côtés de Krampus en Autriche – Crédits : Guzel Kolobova / iStock
Les traditions de la Saint-Nicolas
La tradition change quelque peu selon les pays. Dans l’imaginaire populaire, Saint-Nicolas est souvent représenté à dos d’âne ou de cheval, accompagné du Père Fouettard.

Allemagne
À la Saint-Nicolas, le 6 décembre, la tradition veut que les enfants mettent leurs bottes sous la fenêtre le 5 au soir dans lesquelles seront déposés des cadeaux ou des friandises s’ils ont été sages. Nikolaus, accompagné par le Knecht Ruprecht, descend alors du ciel dans une luge chargée de petites gourmandises et de cadeaux.

Autriche
Le 5 décembre au soir, Saint-Nicolas défile dans les rues, accompagné d’un groupe de Krampus portant d’effrayants masques en bois, des manteaux de fourrure noire et des cloches de vache. Dans la ville de Bad Mitterndorf, la parade de Saint-Nicolas fait partie des rares dont la tradition a peu changé à travers les siècles. Cette tradition autrichienne est classée au patrimoine mondial immatériel de l’Unesco.

Belgique
En Wallonie, Saint-Nicolas voyage à dos d’âne et est accompagné du Père Fouettard, tandis qu’en Flandre, il se déplace sur un cheval blanc et est suivi de Zwarte Piet. Cette tradition est fêtée aussi bien par les néerlandophones que les francophones ; néanmoins, la grandeur de l’événement diffère entre le nord et le sud de la Belgique. Comme aux Pays-Bas, en Flandre, Saint-Nicolas arrive d’Espagne en bateau et est accueilli tous les ans sur le port d’Anvers. S’en suit une grande fête à travers la ville.

Les Belges ont aussi pour tradition de manger des cougnous lors de la Saint-Nicolas, brioches à l’effigie de bonhommes, qui sont l’équivalent des maennele ou mannala dans l’est de la France.

France
La Saint-Nicolas est une fête particulièrement importante dans le nord et l’est de la France. Des processions ont lieu durant cette période, comme à Nancy où le défilé et les célébrations de la Saint-Nicolas ont intégré le patrimoine culturel immatériel de l’Unesco en 2018.

Lors de sa tournée, Saint Nicolas distribue des cadeaux et des friandises. Le Père Fouettard (ou le Boucher), vêtu de noir, distribue une branche de son fagot aux enfants qui n’ont pas été sages. Saint-Nicolas est censé voyager sur un âne, aussi les enfants doivent préparer, la veille au soir, de la nourriture destinée à l’animal. Ils y trouveront le matin des friandises, à la place de ce qu’ils ont déposé pour l’âne.

Comme en Belgique, des petites brioches en forme de bonhomme sont préparées durant cette fête : les maennele ou mannala en Alsace sont appelés “coquilles” ou “folards” dans les Hauts-de-France et “petit-Saint-Nicolas” en Lorraine.


Les maennele, petits pains briochés, sont populaires dans le nord-est de la France et en Belgique – Crédits : larik_malasha / iStock
Hongrie
Saint-Nicolas, Mikulás en hongrois, passe le 6 décembre. Les enfants mettent leurs bottes sous la fenêtre le 5 au soir. Dans celles-ci seront déposés des friandises, des jouets et des livres, s’ils ont été sages.

Luxembourg
Dans la nuit du 5 au 6 décembre au Luxembourg, “Kleeschen” (Saint-Nicolas) passe dans toutes les maisons pour déposer friandises, cadeaux ou biscuits chez les enfants qui ont été sages. Le “Houseker” (le Père Fouettard) dépose des bâtons à ceux qui ne l’ont pas été. Les Luxembourgeois cuisinent des Boxemännchen, l’équivalent des maennele.

Pays-Bas
L’effervescence des fêtes de fin d’année commence aux Pays-Bas dès la mi-novembre. A cette période, débute le périple du très populaire Saint-Nicolas, Sinterklaas, qui quitte l’Espagne en bateau pour aborder les côtes hollandaises et accomplir son devoir auprès de tous les enfants. Il choisit chaque année un port d’arrivée différent.

Ce périple, suivi par des millions d’enfants, est retransmis à la télévision. Il est accueilli par une foule immense lors de son arrivée au port. Le 5 décembre, veille de la Saint-Nicolas, les cadeaux sont distribués. Ceux qui sont offerts aux adultes sont emballés dans des pochettes surprises qui ne doivent pas laisser deviner leur contenu. La veille, des petites chaussures ont été disposées pour recevoir les cadeaux.

Suivie par tous et très joyeuse, cette fête familiale n’est pourtant pas un jour férié dans le pays. Certes, les bureaux ferment plus tôt le 5 décembre. Mais tous les Néerlandais travaillent le 6.

Pologne
En Pologne aussi, les enfants attendent Saint-Nicolas le 6 décembre. Plutôt que d’adresser leur lettre au Père Noël, les petits Polonais laissent un mot  . Pendant cette journée, ils reçoivent généralement des cadeaux mais aussi des biscuits, les pierniczki (pains d’épices). Le Père Fouettard n’existe pas en Pologne, mais comme au Luxembourg, Saint-Nicolas distribue un fagot de branche (rózga) aux enfants qui n’ont pas été sages.

République tchèque et Slovaquie
En République tchèque et en Slovaquie, les enfants reçoivent la visite de Mikulá le 5 décembre. Il est accompagné d’un ange ou d’un diable mais pas d’un âne. Les enfants ouvrent leur calendrier de chocolats le 6 décembre.

 

 



22/11/2024
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